GIUSEPPE MARIA MAZZA (1653-1741) (ATTRIBUÉ)

Lot 305
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Estimation :
35000 - 40000 EUR
GIUSEPPE MARIA MAZZA (1653-1741) (ATTRIBUÉ)
Groupe en terre cuite représentant l'allégorie de la Sculpture sous la forme d'une jeune femme drapée «à l'antique» tenant d'une main un maillet et de l'autre un ciseau ; elle est appuyée contre son ouvrage ; à ses pieds une tête monumentale sculptée et des outils surmontés d'un putto serrant un coq dans ses bras. H : 43 - L : 23 - P : 14 cm. Etude de l'oeuvre par Tomaso Montanari : «Cette très belle sculpture en terre cuite, réalisée vers 1720, ne semble pas avoir été réalisée comme modello pour une transposition en marbre ou en bronze, mais plutôt comme oeuvre d'art autonome, destinée à l'ornement d'une collection d'amateur. Nous portent à le croire l'extrême finition de l'oeuvre, son iconographie particulière (une allégorie de l'art même de la sculpture riche de références à la tradition classique, parmi lesquelles la grande tête féminine, mais aussi aux réalisations de la statuaire baroque : du putto à la Duquesnoy à l'insistance virtuose sur les plumes du coq) et aussi son style, qui ramène sans aucun doute à la grande saison de la sculpture bolonaise en terre cuite du XVIIIe siècle (voir essentiellement Eugenio Riccomini, Ordine e vaghezza : scultura in Emilia nell'età barocca, Bologne, 1972, et Vaghezza e furore : la scultura del Settecento in Emilia, Bologne, 1977 ; Stefano Tumidei, «Terrecotte bolognesi di Sei e Settecento : collezionismo, produzione artistica, consumo devozionale», dans Renzo Grandi (dir.), Presepi e terrecotte nei Musei Civici di Bologna, Bologne, 1991, p. 21-51). Plus précisément, certaines comparaisons portent à attribuer notre Allégorie de la sculpture à la main de Giuseppe Maria Mazza. Le profil de la figure (du nez grec aux cheveux coiffés en arrière) est superposable, par exemple, à celui de la très belle Madone de jeunesse exposée parmi les collections du musée Davia Bargellini à Bologne. Dans cette même collection, les figures de Bacchus et Cérès offrent des parallèles assez appropriés, que ce soit pour le rendu du drapé sur le nu comme pour la posture de la figure. Il est de plus possible de mettre en étroite relation notre sculpture avec une Allégorie de la Peinture (de matériau et de dimensions identiques) présentée à la vente par Heim à Londres en 1981 et acquise par le Mead Art Museum d'Amherst aux États-Unis. Les deux figures sont pensées comme une paire, non seulement pour l'évidente complémentarité de sujet, mais aussi pour celle de leurs positions respectives, des gestes, des rapports avec les putti qui les accompagnent, ainsi que l'attribution de signes distinctifs identiques (comme les médaillons qui pendent à leur cou). Cette Allégorie de la Peinture porte (depuis son apparition chez Heim : Art as Decoration, Heim Gallery, exposition d'été 1981, no 30) une attribution crédible à Angelo Gabriello Pio (1690-Bologne-1770). Il faut donc penser que les deux sculpteurs (le maître et l'élève) ont reçu commande de la part d'un amateur qui voulait les mettre en compétition et confrontation (selon une pratique attestée par d'autres exemples, voir Tumidei, op. cit., note 47), réservant naturellement l'allégorie de la chère Sculpture au maître. Les caractères de style de ces sculptures (qu'il serait beau de pouvoir revoir côte à côte) conduisent à dater cet épisode du retour de Pio à Bologne, c'est-à-dire peu après 1719. L'Allégorie de la Sculpture de Giuseppe Maria Mazza apparaît donc comme un parfait abrégé de la sculpture baroque, et surtout une sorte de rare autobiographie artistique : comme l'a dit un autre grand Bolonais, Annibale Carracci, les artistes doivent «parlare con le mani».
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